Allocution du Secrétaire Général du Mouvement Culturel – Antélias

Dr. Issam Khalifé

A l’occasion de l’ouverture du Festival libanais du Livre

33ème Année – Session de Wadih El Safi

    Mesdames et Messieurs,

   À l’occasion de l’ouverture de ce Festival, nous souhaitons la bienvenue au Représentant  de son Excellence le Président de la République Libanaise, le Ministre de la Culture Me. Roni Areiji et au Représentant du Premier Ministre, notre ami le Bâtonnier Ramzi Jreij.

   Nous souhaitons également la bienvenue  aux représentants des autorités religieuses, politiques et diplomatiques, aux juristes, aux militaires, aux syndicalistes, aux responsables municipaux, aux responsables des mouvements de jeunesse, aux notables de la Finance et de la Presse qui partagent avec nous en ce premier mars, cet événement annuel qu’est le Festival du livre Libanais.

   Nous avons choisi de dédier cette session au chanteur décédé Wadih El Safi car son art a imprégné toute notre génération. En tant que Mouvement culturel d’Antélias, nous saluons l’héritage artistique de ce géant de la chanson libanaise et nous lui consacrons le dernier jour de notre Festival. Le 16 mars sera donc consacré à l’inventaire de ses réalisations artistiques, à la mise en exergue de ses qualités humaines et de son engagement patriotique. Ce natif du Chouf et précisément du village de Niha a su pénétrer et traduire l’esprit de notre patrimoine folklorique libanais dans son exaltation des joies simples et des victoires de nos aïeux sur les vicissitudes de l’Histoire ; ses refrains, ses « mawals », ont reflété fidèlement leurs coutumes et leurs luttes. Sa voie unique, les paroles de ses chansons, les images déployées dans ses textes l’ont rendu célèbre de par le monde et surtout dans les pays arabes où son étoile ne cessera point de briller. Tous les intellectuels libanais et les organisateurs du Festival libanais du livre rendent un hommage bien mérité à ce prodige de la chanson libanaise. 

 

   Mesdames et Messieurs,

   Le Liban d’aujourd’hui traverse une fois de plus une période dangereuse et critique de son Histoire :

1) Risques de guerre

-Les risques de guerre sont omniprésents. La guerre meurtrière déclenchée dans la Syrie voisine risque de dépasser la frontière et l’incendie se propage aisément emportant l’équilibre fragile de la cohabitation et de la convivialité entre les confessions diverses de nos deux pays.

2) Changements démographiques

-Le danger imminent d’un changement structurel au niveau démographique se fait sentir en raison de l’afflux incontrôlé des réfugiés syriens et palestiniens vers les villes et les villages libanais et nous savons pertinemment que la loi du nombre pèse sur l’orientation du devenir historique.

3) Jeu des puissances

Nous observons avec inquiétude et amertume le jeu des grandes nations et leur volonté implicite de changer la géopolitique de cette région du monde qui s’étend du cœur de l’Analolie jusqu’à l’Océan indien. Et nous craignons de ce fait que les compromis et les concessions ne se fassent aux dépens de notre intégrité territoriale, voire de notre identité nationale.

4) Une corruption généralisée

-L’épidémie d’une corruption généralisée voire structurelle fait que l’argent public de certaines administrations sont accaparées par des partis politiques et des factions au vu et au su des citoyens exploités. Sans dénier également l’omniprésence d’une corruption mineure à l’échelle du citoyen contraint à l’humiliation du piston et au recours aux pots de vin afin d’obtenir les services administratifs qui lui sont dûs.

La corruption favorise également l’accroissement de la dette publique qui a déjà atteint 65 milliards de dollars.

Si remédier à la corruption mineure nécessite des mesures immédiates telles que la réforme des structures de la finance et de l’économie libanaise, l’application de la règle de droit, l’obligation de rendre compte, ainsi que la garantie de la transparence au sein de l’administration, la corruption structurelle par contre ne sera jamais éradiquée sans une réforme radicale du système politique actuel.

5) La démocratie en danger

Il est par ailleurs regrettable que les forces de l’ombre s’appliquent à ébranler les priorités de l’édification et de la consolidation de l’état libanais – Les assemblées qui incarnent et concrétisent la démocratie dans notre système politique se trouvent neutralisées voire occultées-  Le parlement a voté sa réélection et ne se réunit pas pour autant – Aucun accord concernant la nouvelle législation électorale n’a été conclu.

Quant au pacte national scellé par les pères de  l’Indépendance au domicile de Youssef El Saouda en 1938, concrétisé officiellement en l’an 1943 et renouvelé dans les accords de Taëf, ce pacte est actuellement transgressé voire bafoué par les factions qui ignorent délibérément les facteurs et les catalyseurs qui établissent durablement la force et la puissance de l’état.

6) Une armée mal équipée

-L’armée, les forces de sécurité qui représententla puissance militaire de l’état souffrent d’un manque de munitions et d’armement, de déficience dans les équipements et les moyens de défense malgré l’imminence et la gravité des dangers qui menacent leur patrie à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières. D’ailleurs le nombre des soldats de l’armée ne représente plus que le tiers du chiffre initial alors que l’armée devrait compter au moins 150 000 soldats.

7) Paupérisation des classes moyennes

On estime également un accroissement du seuil de la pauvreté. Les spécialistes avancent le chiffre inquiétant de 40% de la population vivant au dessous du seuil de la pauvreté. Ce décalage entre les classes sociales ne favorise guère la sauvegarde des libertés et le maintien d’une bonne gouvernance. Ce déséquilibre s’articule avec une situation confessionnelle sectaire et tendue et la résultante pourrait engendrer une violence destructrice qui emporterait irréversiblement biens et individus.

Je déplore à cet égard la cupidité de certains qui continuent à entraver de vraies réformes à commencer par l’approbation du nouvel amendement des salaires, par le licenciement des personnes incompétentes et par une purge systématique des parasites dans les administrations.

8) Parrainage tyrannique imposé à l’école publique

Dans les établissements scolaires et universitaires, les programmes et les méthodes d’enseignement voire aussi les critères d’évaluation privilégient la simple réception et la subordination au savoir de l’enseignant. La découverte active de la part de l’apprenant, la réflexion critique, les échanges fructueux dans le cadre du dialogue se raréfient de plus en plus. Les apprenants sont formés en fonction de leurs appartenances communautaires et confessionnelles, cela réduit le sentiment d’appartenance à la nation et favorise une réédition des structures confessionnelles qu’il s’agit justement de désamorcer.

Ce climat fermé de fanatisme confessionnel rebute les jeunes diplômés qui s’empressent de plier bagage et l’émigration des compétences est le plus souvent irréversible. (On estime le chiffre annuel des émigrés à 22 mille citoyens).

Les Forces politiques corrompues et corruptrices s’en prennent actuellement aux écoles publiques et techniques à certaines écoles privées et surtout à l’université nationale et leur inflige une exploitation systématique et un parrainage tyrannique qui porte de sérieux préjudices à la qualité de l’enseignement et neutralise en profondeur chez les écoliers comme chez les étudiants la conscience de leur appartenance prioritaire à la nation.

9) Les dissensions politiques entravent le pouvoir judiciaire

Si le pouvoir judiciaire indépendant est une condition essentielle pour que les individus d’une société jouissent de leurs droits et de leurs libertés et si la relation entre l’indépendance du pouvoir judiciaire et le climat politique libre est une relation dialectique, le pouvoir judiciaire ne pourra pas jouer son rôle efficacement face aux divisions confessionnelles qui confisquent les droits et les libertés et désactivent l’application de la loi et de ses institutions.

Même s’il existe des juges compétents et indépendants, le problème réside dans la paralysie des institutions de l’État, dans l’aggravation de la situation politique et dans la propagation malsaine d’un climat autoritaire exercé par certaines composantes de la société et de l’état au détriment des droits, des libertés et de la primauté de la loi.

Ce climat risque de nous ramener au chaos antérieur à l’état moderne et à l’élaboration du code pénal.

10) Pénurie et Pollution

Au niveau écologique nous sommes confrontés à deux problèmes : la rareté des ressources et la pollution de l’environnement.

Malgré la richesse de notre pays en eau, plusieurs régions souffrent de la soif et d’une pénurie du courant électrique. En outre, les problèmes de la pollution, des déchets et des eaux usées ne font que s’aggraver.

Nous ne devons pas par ailleurs sous-estimer l’importance de l’agriculture et de l’élevage qui assurent la subsistance de notre peuple. D’autant plus que l’année 2014 est celle du centenaire de la Première guerre mondiale associée dans la mémoire des Libanais à la grande famine qui emporta jadis le tiers de la population.

11) Danger des fondamentalismes

-Les tensions exacerbées entre les confessions et au sein d’une même confession, la montée en flèche des fondamentalismes dans plusieurs pays arabes nous font curieusement penser au phénomène des vases communiquants. D’abord le fondamentalisme juif prône et planifie l’édification du temple de Salomon sur les ruines mêmes de la mosquée Al Aqsa et met en exergue la création d’un état juif. Quant aux fondamentalismes islamiques sunnites et chiites, ils ont eux aussi la volonté ferme de ressusciter le passé. Les chiites veulent reconstruire une société conforme à Wilayat Al Faqih et les sunnites cherchent à réorganiser leurs sociétés selon les préceptes coraniques et à imposer un gouvernement islamique à l’instar du califat et des émirats de jadis.

Les Chrétiens d’Orient ne tiennent pas compte des réformes importantes préconisées et menées par le pape François, ils négligent également les recommandations du concile maronite d’Antioche. 

 

Les églises orientales sont réduites de ce fait à choisir entre l’émigration et les déplacements de population et le risque de miser sur la coalition des minorités.

12) La division en mini-états du monde arabe

Depuis l’année 1980, l’historien sioniste Bernard Lewis a conçu et élaboré un projet notoire à l’instigation du ministère américain de la défense. Ce projet consiste en un démantèlement systématique de l’unité constitutionnelle de l’ensemble des états arabes et islamiques. Chaque état est censé se scinder en cantons ou en mini-états regroupés en fonction des ethnies, des religions, et même des confessions. Il a également joint à ce projet des cartes géographiques présentant des changements de frontières et des transformations conformes à ses desseins. En 1983, au cours d’une assemblée tenue secrète, le congrès américain a approuvé à l’unanimité le projet de Bernard Lewis. A cette décision fera écho en 2007 l’article de Ralph Peters publié dans la revue des forces armées américaines et intitulé « frontières de sang ».

   Cet article préconise également la division en mini-états du monde arabe. Le commandant des forces armées américaines Wisley Clark a également avoué l’existence de tels projets dans la politique extérieure des États Unis.

La volonté sioniste de démanteler nos pays est explicitement liée à ces projets. A quel point les états arabes sont-ils capables de résister à cette volonté insidieuse ?

Les politiques internationales des grandes puissances se doivent-elles d’encourager ou de s’opposer à des projets aussi dangereux aussi criminels aussi bien dans leurs desseins que dans les conséquences qui en résultent pour les peuples de cette région du monde ?

   Mesdames et Messieurs,

   Certains d’entre vous peuvent se demander en quoi ces problèmes concernent le Mouvement culturel d’Antélias. Pourquoi les porte-parole de ce Mouvement traiteraient des sujets ne relevant point exclusivement du champ de la culture ?

   Nous répondons résolument : depuis sa création, le Mouvement culturel d’Antélias considère la culture et la recherche comme des moyens sûrs et pérennes déployés pour défendre les intérêts nationaux du peuple et de la patrie.

-         La culture que nous prônons défend l’indépendance de l’État libanais à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues ainsi que la charte nationale dans ses différentes clauses et implications et spécifiquement le principe de la neutralité du Liban vis-à-vis des deux stratégies politiques Orient Occident.

-         C’est une culture qui sauvegarde les libertés et garantit aux citoyens la liberté de leurs choix et des conditions favorables au développement humain intellectuel et économique.

-         Une culture qui consolide l’unité de la nation et rassemble chrétiens et musulmans dans la citoyenneté, la justice et l’égalité.

-         Une culture qui appelle à la participation effective de toute la population au gouvernement du pays, et à une représentation réelle comprenant toutes les classes et toutes les confessions.  

-         Une culture qui revendique la compétence et l’intégrité dans les institutions gouvernementales quitte à ce que les responsables soient régulièrement soumis à un contrôle vigilant de l’exercice de leurs fonctions.

-         Une culture qui consacre la séparation des pouvoirs et la sauvegarde d’un équilibre dans l’exercice de leurs autorités respectives, qui honore l’état de droit garant des libertés citoyennes et soutient un pouvoir judiciaire compétent, impartial et résolument indépendant.

Ce pouvoir judiciaire veillerait à l’application stricte par le pouvoir exécutif des lois promulguées.

-         La culture que nous défendons est celle de la justice sociale, du droit de tous les citoyens à la santé à la scolarisation, au logement, à une nourriture saine, à des médicaments non-falsifiés, au travail dans des conditions salubres et dans un environnement propre, bien aménagé et harmonieux.

-         C’est surtout une culture qui condamne le terrorisme, les explosions meurtrières, la violence aveugle qui tue les enfants, les femmes et les civils désarmés, qui dénonce les enlèvements, les arrestations inopinées, arbitraires et la torture des innocents. Notre culture refuse la politique sournoise de l’expatriation par la force pour des raisons confessionnelles ou politiques. Nous respectons toutes les religions monothéistes pourvu qu’elles s’adaptent aux besoins et aux aspirations de l’homme en devenir.

-           Notre culture veut asseoir une citoyenneté responsable et engagée, fondée sur le respect des droits de l’homme et des conventions internationales afférentes à cette charte.

-         Notre culture demeure ouverte aux progrès de la science, aux arts plastiques, à la littérature nationale, arabe et mondiale, aux sciences humaines et c’est précisément cette ouverture qui constitue la spécificité du rôle primordial du Liban dans la renaissance arabe contemporaine.

-          Notre culture enfin veut conserver l’intégrité du territoire libanais et empêcher la vente effrénée des terres à des acheteurs suspects. Elle veut exploiter cette terre et la faire fructifier en vue d’une autosuffisance au niveau nutritionnel. 

 

   Mesdames et Messieurs,

   Les élites culturelles devraient savoir comment affronter cette dure réalité que nous venons d’exposer en adoptant d’abord un discours constructif s’interdisant toute forme de discrimination. Cette élite doit œuvrer en vue de réunifier les forces politiques en présence et de les soustraire à cette dispersion et à cette polarisation qui entravent le changement démocratique dans notre pays. L’élaboration d’un terrain d’entente entre les parties en conflit ne peut se faire sans le renoncement définitif des politiciens à leur  obédience aux volontés des forces extérieures, sans leur engagement à privilégier, dans leurs décisions comme dans leur exercice du pouvoir, les intérêts du Liban et non ceux des autres pays, les solutions démocratiques et non les dissensions dont il souffre. Un intellectuel, un vrai, ne peut en aucun cas admettre ou justifier la répression, il doit revendiquer la liberté et la dignité pour ces concitoyens d’abord et pour les citoyens du monde. Notre leader national Hamid Frangié dans sa lutte pour une nation indépendante et unifiée n’a-t-il pas proclamé judicieusement que le bien deviendrait un mal si les Libanais ne s’accordaient point à l’admettre comme tel, et vice versa le mal se transformerait en bien s’ils venaient à s’accorder sur sa nécessité.

   Dans cette perspective, nous avons l’honneur de vous exposer le programme culturel de notre Mouvement pour cette année 2014 :

Premièrement, nous continuons à honorer les vétérans de la culture au Liban et dans le Monde arabe. Cet hommage annuel devenu une tradition, familiarise le grand public avec ceux qui portent le flambeau de l’avènement d’une société nouvelle. La culture et le savoir ne sont pas des produits de consommation importés, ce sont les catalyseurs visant à l’élaboration de valeurs fondatrices, à l’instauration d’activités intellectuelles de réflexion et de recherche sur notre vécu quotidien et notre devenir.

Ces activités devraient bénéficier d’une attention particulière et même d’un financement de la part des responsables de la part des notables, des élites et des citoyens de tout bord.

   Durant cette session, un hommage sera rendu à Maître Edmond Rizk, orateur éloquent et défenseur imperturbable de la cause libanaise. Nous honorerons spécialement l’homme politique qui a refusé toute concession et tout compromis et qui a fait œuvre de  présence et preuve de détermination aux moments cruciaux de notre histoire.

   Un hommage sera rendu également au Docteur Kheireddine Hassib  diplômé de l'université de Cambridge, chargé de hautes responsabilités en Irak jusqu’à ce que la situation politique dans ce pays l’oblige à venir au Liban et à diriger avec succès le centre d’études de l’Union arabe. Ce centre a permis l’édition et la diffusion dans tout le monde arabe de plusieurs études et de maints ouvrages de recherches qui ont inspiré et marqué par leur sérieux, les intellectuels du Proche Orient. Docteur Hassib a par ailleurs supervisé et coordonné la traduction d’ouvrages-clefs rédigés en anglais et en français vers l’arabe, perpétuant ainsi le rôle bénéfique des ancêtres dans la transmission du savoir et l’entretien du foisonnement culturel qui a caractérisé le règne florissant des Abbassides. 

   Le Mouvement culturel se doit également de rendre hommage à l’artiste Samir Abi Rached pour sa créativité, pour la rigueur de sa perception et la précision de son pinceau. Son classicisme et la maîtrise de son art font écho au talent déployé dans les œuvres de Michel-Ange et de Léonard De Vinci.

La place de la médecine et la recherche médicale dans ce Festival du livre n’a pas été négligée. Le Mouvement rend également hommage au médecin chercheur Salah Selman. Nous louons son altruisme, son dévouement et sa persévérance dans l’action sociale et nationale. Quant au Docteur Zafer el Hassan, c’est à son engagement inlassable dans la défense de la cause libanaise et des intérêts du peuple libanais que le Mouvement culturel d’Antélias rend hommage. Ce diplomate a fait ses preuves dans des circonstances particulièrement difficiles mais on lui doit surtout une encyclopédie diplomatique comprenant 10 volumes, devenue la référence obligée des chercheurs spécialistes de l’Histoire contemporaine du Liban.

   Docteur Adnan el Amin fait partie à juste titre des vétérans libanais de la culture pour son esprit libre et sa modération mais aussi pour le flambeau de la réforme de l’enseignement public qu’il a porté bien haut aussi bien dans le scolaire au niveau du primaire et du secondaire qu’au niveau de l’université nationale où il a suivi lui-même ses études supérieures et où il a promu la recherche universitaire et œuvré afin que l’université nationale concurrence les établissements privés.

   M. Maurice Maalouf enfin a parrainé depuis les années soixante la renaissance du théâtre libanais, il a lui-même participé à différentes manifestations théâtrales. Mais il a surtout enseigné l’art théâtral à l’université libanaise et dans les universités privées apportant lui aussi sa pierre à l’édifice de la culture nationale.

La Journée de l’enseignant

   Parallèlement aux vétérans de la culture, nous consacrons une journée à ceux qui ont passé les plus belles années de leurs vies à éduquer des générations. La journée de l’enseignant honorera cette année M. Fares Aoun, Prof. de Biologie et de Chimie dans les écoles privées les plus prestigieuses ainsi que M. Mohammed Kassem, Prof. de Littérature anglaise et membre permanent du syndicat des enseignants du secondaire dans les écoles officielles.

La plaque commémorative

    Dans cette perspective, et en hommage à ceux qui se sont dévoués à l’art et au savoir, une plaque commémorative énumère ceux qui nous ont quittés cette année. Notre grand poète Ounsi El Hage qui vient de nous quitter fait désormais partie de ces chers disparus : Ahmed Danach (Derbas), Amalia Abi Saleh, Antoine Harb, Anis Abou Ghannam, Joseph Harb, Zahwa Majzoub, Salim Bassila, Issam Haddad, Mohammed Dakroub, Mansour Eid, Mounir Chammaa, Naji Allouch, Nicolas Al Nammar, Youssef Saadallah El Khoury et Youssef Assaf.

La signature de nouveaux ouvrages : Plus de cinquante signatures sont prévues durant ce festival. Les ouvrages traitent de divers sujets et cette diversité témoigne de la pérennité du livre papier et de sa résistance face à l’invasion du digital et des moyens électroniques disponibles sur le marché et largement prisés par les jeunes.

Les activités matinales

   Cette année, dix-sept activités seront consacrées aux élèves et aux étudiants. Les centres d’intérêt sont très variés : le Sport, les Arts Plastiques, l’Environnement, le Théâtre, la Musique, la Santé, l’Archéologie, le Patrimoine, la littérature de jeunesse.

Les tables rondes des après-midi

Plus de vingt tables rondes sont prévues durant ce festival avec la participation de 133 chercheurs. Les interventions traiteront de l’agriculture, de l’alimentation, du problème de l’eau, de l’environnement, du cancer et des changements climatiques. Les répercussions de la crise syrienne au Liban et au Proche-Orient, les fondamentalismes religieux et les dangers réels qu’ils représentent pour les libertés au Moyen-Orient seront largement abordés et analysés. Quelques séances consacrées à la critique littéraire présenteront un roman et des ouvrages méthodologiques récemment parus. La Poésie d’Ounsi El Hage fera l’objet d’une séance commémorative. Et les réformes importantes entreprises par le pape François seront évoquées dans leur impact sur les églises du Moyen-Orient.

 

 

Les toutes dernières publications

   Le Mouvement culturel a publié cinq livres à l’occasion de ce festival :

1-    Le manuel sur les vétérans de la culture au Liban et dans le monde arabe de l’année en cours (2014) (64 pages).

2-    Le livre annuel des activités et des tables-rondes organisées par le Mouvement tout au long de l’année 2013 (260 p.)

3-    Le volume traditionnel du festival libanais du livre dans sa 33ème session contenant les activités du festival de l’an dernier (mars 2013) et comprenant 800 pages.

4-    Le second livre dédié à la mémoire de Raïf Khoury à l’occasion de son centenaire (258 p.) avec la participation de sa famille et du conseil culturel du Sud-Liban.

5-    Un recueil sur les vétérans de la Culture au Liban et dans les Pays Arabes couvrant sept années consécutives (1983 à 1992) et comprenant 608 pages. Le Mouvement culturel publiera d’autres volumes au cours des prochaines années car les média ont souvent recours à nos publications quand il s’agit de présenter les personnalités ayant bénéficié d’un hommage dans le cadre de notre festival.

 

     Chers concitoyens,

   Nous n’accepterons pas d’être acculés à un choix impossible ; celui de dépendre des régimes autoritaires qui infligent l’humiliation et la répression à leur peuple, détruisent leur patrimoine, contraignent à l’exil des millions de citoyens, massacrent des enfants et pratiquent la torture et les arrestations arbitraires ou bien celui de revenir au statut des minorités soumises contraintes de payer le tribut de la « jizya » pour bénéficier d’une soi disant protection et trahir de ce fait le principe de la diversité et du respect mutuel longtemps pratiqué et respecté dans nos sociétés multiconfessionnelles. C’est cette convivialité, cette volonté de vivre ensemble que la politique de dissension israélienne veut détruire dans toute la région.

   Au nom d’une grande majorité des intellectuels libanais, au nom des représentants de la société civile, nous déclarons, à l’occasion de l’inauguration de ce festival, que le respect de la Charte des droits de l’homme et du citoyen ainsi que le respect de la souveraineté et de l’indépendance du Liban à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, constituent les fondements de notre résistance nationale et de notre politique culturelle. C’est à la lumière et en fonction de ces deux principes que nous prenons position vis-à-vis de toutes les parties en conflit.

   Durant cette période dangereuse où sont esquissées de nouvelles cartes géographiques, où des projets d’effritement du Proche et du Moyen-Orient en mini-états confessionnels battent leur plein, nous n’adopterons pas la politique de l’Autruche. Nous défendrons fermement les libertés de notre peuple et les fondements d’une citoyenneté authentique entière face aux dangers et aux prétentions des envahisseurs qu’ils soient locaux, régionaux ou même de connivence avec les Puissances.

   Nous remercions, pour terminer ce long discours, l’ordre des Pères Antonins représenté par le Révérend Père Antoine Rajeh, pour le soutien accordé à notre action culturelle ainsi que son Excellence le Président de la République pour le parrainage de notre festival. Notre gratitude va également au Premier ministre Tammam Salam et au Président de l’Assemblée nationale, Monsieur Nabih Berri pour la présence de leurs représentants parmi nous aujourd’hui. Nous apprécions l’effort généreux fourni par les Révérend Pères Raymond El Hachem et Antoine Saab qui ont œuvré sans relâche pour la restauration et la rénovation de cet amphithéâtre, nous saluons et remercions également le public ici présent et espérons sa participation à toutes les manifestations de ce festival.